Tournés vers l’espace et l’univers, les chercheurs multiplient les projets de conquête et de colonisation des planètes. D’après leur pronostic, il faudra un jour quitter une terre malade devenue invivable. Il faudra déserter, abandonner un monde qui deviendrait alors silencieux. Et si le jour J était demain, qu’est ce que notre civilisation laisserait derrière elle, et à quoi ressembleraient nos nouvelles terres ? C’est ce que nous avons voulu imaginer dans cette exposition collective réunissant les artistes Brodbeck & de Barbuat et Cerise Doucède à la Galerie Ségolène Brossette.
Dans la série Memories of a Silent World, les œuvres de Simon Brodbeck et Lucie de Barbuat nous racontent un monde déserté par l’humanité. Quelques rescapés, pareils à des fantômes, hantent des espaces connus pour être des hauts lieux de l’activité humaine. Ces lieux deviennent des décors de théâtre d’où il en émane une mélancolie douce. Ces photographies nous renvoient aux origines de la photographie et finalement, à notre histoire commune.
Régulièrement, de nouvelles planètes sont découvertes en dehors de notre système solaire. Loin d’être un simple fantasme, ces exoplanètes font entrevoir la possibilité d’une vie loin de la Terre, lorsqu’on aura fini de l’exploiter et de la détruire. Il sera peut-être temps de coloniser l’Univers, mais que trouvera-t-on ? Pour nombre de scientifiques, les modes d’adaptation des organismes photosensibles pourraient modifier les conditions d’apparition des couleurs. Nous aurions donc des paysages inédits échappant à toute référence. Ces décors, Cerise Doucède les a imaginés dans sa série Nouvelles Terres.
Par une scénographie constituée de vestiges de notre époque, nous avons voulu réunir ces deux mondes. L’ancien, écrin de nos souvenirs et de notre histoire, et celui de demain, dans des paysages encore inexplorés et incertains. Une façon aussi de nous questionner sur notre rapport à l’environnement.
Julien Hory, commissaire de l’exposition
Galerie Ségolène Brossette
Depuis mai 2019, la galerie est située au 15 rue Guénégaud, dans le 6e arrondissement parisien. Un espace né de la relation privilégiée qu’elle entretient avec les artistes qu’elle défend, et qui s’appuie sur la confiance établie par une volonté mutuelle de travailler ensemble sur le long terme.
Ségolène Brossette tient à poursuivre son projet : « placer la photographie et le dessin dans l’art contemporain. Ils sont considérés comme deux médias à part, alors qu’ils forment un tout. » Naturellement, la galeriste aux multiples casquettes a choisi de jeter l’ancre dans le quartier hétéroclite de Saint-Germain-des-Prés, où design, art moderne, art contemporain et arts premiers se côtoient.