Né en 1933, Eikoh Hosoe grandit dans un Japon anéanti par la guerre.
Déchirés entre l’autoritarisme nationaliste et la tentation d’un occident vainqueur, les photographes de sa génération témoignent tous à leur manière de l’effondrement de traditions millénaires. Leur émancipation passe par leur regroupement au sein de collectifs tels que Jūnin-no-Me en 1956-57, et VIVO au début des années 1960, mais également par de nombreux échanges interdisciplinaires. Suite à sa rencontre avec le très charismatique Tatsumi Hijikata, créateur du butō, Hosoe se fait remarquer dès 1961 avec son livre Man and Woman, dont le graphisme transcende la charge érotique. En 1963, Hosoe met en scène le sulfureux auteur Yukio Mishima dans l’album Barakei – Killed by Roses, avec lequel il accède à une notoriété internationale. Dans Barakei, Mishima, toujours dénudé, est tour à tour capturé au milieu des ors kitsch de sa maison de Tokyo, ou dans le studio de danse désert de Hijikata, quand d’autres prises de vue rendent hommage à son goût pour la peinture renaissante, plus particulièrement pour l’iconographie très charnelle du martyr de Saint Sébastien. Chef d’oeuvre d’Hosoe, Barakei est une fable érotique et morbide qui, par son allusion provocante à l’homosexualité de Mishima, traduit le désespoir d’un immense auteur face au déclin de son pays et de son corps