Un ventre rond, un pinson, l’horizon. Le sujet, dans les photographies de Paul Rousteau, n'est pas la question. Allègres, unies par leur palette solaire, leur sens du rythme, elles partagent une vision positive du monde, allusion implicite aux paradis perdus. Grenadine, céladon, corail ou jaune citron, des touches qu’on croirait posées au pinceau forment des volutes, halos psychédéliques aux vertus apaisantes. Rien ne vient troubler l’harmonie générale : même le flou est volontaire, ouvrant un espace liquide pareil aux impressions de Monet, où tout glisse, se fond, palpite, sans fin ni perspective.
Enfant, Paul Rousteau a fait ses classes en Auvergne, dans une école alternative appliquant la pédagogie de Rudolf Steiner, penseur autrichien disciple de Gœthe. Ses cahiers d’écolier annonçaient déjà l’imagination active, l’attention à la nature, au mariage des tons, si caractéristiques de sa manière.
Habitué des pages de Profane, l’artiste y a relu par deux fois son histoire : d’abord en rapprochant ses dessins candides de ses photographies actuelles, pour mieux pointer leurs analogies. Ensuite, en signant une série dédiée à l’eurythmie, cet art du mouvement créé par Steiner où le corps, paré de voiles vifs, parle le langage de l’âme.
L’ensemble dialogue ici, amplifiant sur les murs le clair écho répété sur papier.
Profane
Profane est une revue semestrielle consacrée aux amateurs, dans le sens le plus large du terme. Collectionneurs compulsifs et obsédés par un objet insolite, peintres du dimanche, accumulateurs fébriles de choses a priori sans importance, créations de l’enfance ou aléatoires... Profane raconte les élans amoureux des connaisseurs anonymes, des artistes cachés loin des places officielles, débusqués à l’orée de mille et un chemins inattendus et secrets, pour raconter une certaine vision de l’art.
Rue de l'Odéon, Buzio Saraiva, éditeur associé de magazines indépendants, accueille la programmation de la revue Profane dans son agence Nutshell & Co.