« La paraphrase est une figure de style récurrente dans le travail d’Illés Sarkantyu. Son écriture photographique, « à la manière de », ou par citation directe, convoque les regards portés par d’autres artistes sur le monde. Faire des images « à la façon de », c’est glisser dans la peau d’un autre, assimiler une sensibilité étrangère et en approcher l’essence, au risque de se perdre. »
Marguerite Pilven
Dessin de Sergueï Eisenstein, peintures de Pierre Tal Coat ou Gerhard Richter, sculpture d’Étienne-Martin, photographies de Lucien Hervé ou Ernest J. Bellocq… la collection imaginaire d’Illés Sarkantyu revisite une vingtaine d’oeuvres et use du procédé de mise en abîme. Il organise des mises en scène pour copier minutieusement l’original, ou porte simplement son regard sur le sujet dont l’oeuvre originale s’inspire. Parfois, c’est par le contact physique avec l’oeuvre ellemême que son image naît. Ailleurs, c’est en collaboration avec l’artiste dont il s’inspire que l’oeuvre réinventée se crée ou encore par appropriation totale, il présente alors la reproduction d’une peinture, comme étant sa propre oeuvre originale. Certains originaux dont Sarkantyu s’inspire sont présentés dans l’exposition, mêlés à ses images, prolongeant dans le dispositif d’accrochage la démarche créative de l’artiste. Si Illés Sarkantyu est photographe, il est aussi cinéaste et a réalisé plus d’une
vingtaine de films sur l’art. Ces paraphrases sont pour le « Sarkantyu collectionneur » le moyen de témoigner du paysage artistique qui nourrit son quotidien. L’occasion pour lui de revenir sur les questions essentielles qui guident son travail et reviennent comme un leitmotiv vertigineux : Qu’est ce qu’une oeuvre d’art ? Qu’est ce qu’une image photographique et à qui appartient-elle ?
« Tout n’est pas art, mais tout peut devenir art, où plutôt, toute chose peut devenir matériau de l’art dès lors qu’elle est inscrite dans une procédure artistique. L’art devient une question de procédure, et de croyance. »
André Rouillé