Il y a plus de cent cinquante ans Auguste Comte imagine un projet utopiste de société qu’il nomme Positivisme, où le passé nourrit le présent, pour créer un futur où ordre et progrès règnent.
Comte dit : « Les morts gouvernent les vivants ». Pour lui c’est le meilleur des morts qui perdure. La société progresse par la somme accumulée des savoirs. Cette phrase semble ambiguë, mais est idéaliste dans l’esprit de Comte.
Cent cinquante ans plus tard, nous sommes dans un état en suspension. Une société post-capitaliste qui se lamente de ne pas pouvoir imaginer un futur meilleur. Nous voyons le futur comme un cycle qui se répète ; montée du fascisme, inégalités économiques croissantes, menace atomique. Notre culture populaire est remplie de dystopies (The Handmaid’s Tale, The Walking Dead, Black Mirror). Pour des penseurs iconoclastes modernes comme Hito Steyerl ou Adam Curtis, notre société est devenue une culture zombie, qui se répète et se nourrit d’elle même inlassablement.
Nous ne voyons plus la phrase « Les morts gouvernent les vivants» comme positive. Les morts semblent nous gouverner, comme un passé qui pèse sur le présent et nous empêche d’imaginer un futur libéré.
La vision d’Auguste Comte est-elle dépassée ? Avons nous prouvé que cette flèche du progrès n’est en fait qu’un cercle qui recommence éternellement ? Ou sommes-nous bloqués dans un cycle car nous avons délaissé un certain idéalisme ?
Peut-être la critique doit-elle plutôt être faite contre notre propre désillusion.
Le travail in situ créé pour la Maison Auguste Comte est une confrontation entre l’idéalisme de Comte et le cynisme actuel. L’utopie face à la dystopie. Des vidéos trouvées de bataille à mains nues d’hommes politiques sont le point de départ de cette confrontation. L’impasse politique actuelle est reprise en une boucle sans fin, s’apparentant à une marée informe de zombies en cravates et boutons de manchette. Ces morts- vivants gouvernants, contrastent, contaminent l’appartement préservé du philosophe, encore empli de reliques d’un idéal positiviste que nous avons délaissé.
Composition musicale & installation sonore : Frédéric D. Oberland.
Avec le soutien de La Galerie Particulière.
En collaboration avec l'Agence PAM.
Maison Auguste Comte
Dernier domicile du philosophe, fondateur du « positivisme », la Maison d’Auguste Comte est à la fois un appartement-musée et un centre d’archives- bibliothèque autour du philosophe et de la pensée dix- neuvièmiste.
Cliquer ici pour avoir un aperçu de l'exposition sur Artsy.