Les bonds de l’existence mènent Éric Antoine dans un lieu de vie vierge de mémoire. Cette étape marque la séparation de l’artiste d’avec le lieu qui fut son refuge pendant près de six ans, continent exclusif de ses recherches artistiques, îlot de solitude réparatrice.
Dans ce nouvel Éden, il célèbre l’immensité, la puissance protectrice de la nature. Ces forêts sont autant de métaphores de nos fondations intimes. Dissimulées dans ces méandres nourriciers, de frêles silhouettes nous invitent à un retour à l’essentiel. Les cadrages s’élargissent, le ciel trouve sa place dans ces paysages si denses ; partout la lumière s’immisce.
On retrouve dans cette série les thèmes de prédilection d’Éric Antoine : la fuite du temps, la quête artistique et existentielle de simplicité. Les fragments de corps réifiés côtoient d’anodins objets du quotidien élevés au rang de joyaux. La nature morte académique est détournée pour brosser le portrait des proches de l’artiste à grands renforts de symboles et d’allégories.
La question de la matérialité de l’image demeure au coeur des recherches de l’artiste. Loin de tout discours passéiste, le procédé du collodion humide est ici une discipline émancipatrice. Dans une approche quasi-sculpturale, il livre de véritables photographies-objets, miroitantes et argentées.