Véritable « Work in progress », Datazone est un portfolio singulier dans l’oeuvre de Philippe Chancel, procédant à une anthropologie de la globalisation. Réalisé sur des territoires emblématiques des enjeux auxquels nos sociétés se trouvent confrontées, Datazone en explore la complexité et leur donne une cohérence photographique qui n’écarte aucun genre : architecture, paysage, portrait. Depuis 2005, Datazone dessine une constellation à travers 14 localités géographiques, de Pyongyang en Corée du Nord (2005-2013), à Idomeni en Grèce (2016), à la frontière de l’Europe.
Cette nouvelle série Datazone 13 se concentre sur le territoire occupé par l’Antarctique. Si le XXe siècle est le temps de la découverte et des pionniers, des légendes associées à ces terres glacées explorées dans des conditions extrêmes, le XXIe siècle est le temps des interrogations portées sur ces beautés vierges, menacées par de terribles dangers et un possible désastre. Des faisceaux d’indices de plus en plus nombreux en attestent.
Des enjeux géopolitiques, économiques et surtout écologiques se télescopent, réduisant les valeurs fondamentales mais déjà fragilisées de notre planète, au même rythme que le vêlage accéléré de la banquise. En 1905, lors de sa première expédition dans la péninsule antarctique, Charcot notait : « C’est tellement beau qu’en me demandant si je rêve, j’aimerais rêver toujours. On dirait les ruines d’une énorme et magnifique ville toute entière recouverte du marbre le plus pur, dominée par un nombre infini d’amphithéâtres et de temples édifiés par de puissants et divins architectes ». Une vision dont la dimension prophétique résonne dans les images de Philippe Chancel.