Shadows est la rencontre photosensible de l’artiste avec l’acteur–poète. Dans une danse rituelle, il offre - au regard de celle qui décèle les failles, les blessures, la force aussi-, son ombre lumi-naissante qui se meut tout autour d’elle. Tour à tour, l’ombre se forme et se déforme, divinité ancienne ou fantôme errant, Bête ou source éternelle de lumière, de chaleur et de protection.
Enregistrer le double, l’empreinte en creux, celle qui échappe au toucher, impalpable, mais qui porte l’esprit, le contour des choses. Une autre vérité, plus profonde celle-ci, celle des temps immémoriaux et des mythes. Une présence subtile qui enseigne un rattachement à un au-delà toujours omniprésent, une télépathie possible, - si le désir est là.
Toujours en mouvement, jamais ne s’arrête, jamais ne se laisse enfermer dans une pose ou une autre. Les mains sont celles d’un magicien de la terre, de celui qui transforme la glaise en figurines puis en homme à qui il insuffle la vie.
Rien de noirceur, l’ombre faite de blancheur ou de couleur, n’apporte pas de mauvais augure. Ne plane pas non plus, agit doucement, comme un feu, un crépitement d’énergie. Elle se dédouble, se superpose, comme une illusion optique, un jeu, une apparition.
L’ombre se montre parfois fragile, vacillante, prête à disparaître à tout instant, et il faut que l’artiste soit vigilant, à distance gardée, l’apprivoise, la capte, la rassure qu’elle ne sera pas une proie, qu’elle gardera sa liberté d’aller et de venir au moment décisif.
Les mots d’un long poème scandent la danse des deux corps, l’un tangible, l’autre éthéré, où les mots se livrent comme ceux d’une oraison venue du tréfonds, ou encore les paroles d’un chant empli de lumière qui révèle ce que les hommes ne savent pas.
Valérie Fougeirol