La carte postale, efficace et peu coûteuse, s’est rapidement imposée à la tête des moyens de communication dès la fin du 19e siècle. A l’origine, elle est très liée à l’artisanat – loin de la logique de l’industrie touristique : toujours de même format (ce qui n’a pas tant changé), le recto était réservé à une photographie personnelle, le verso aux nouvelles ; quelque chose de plutôt intime, fait main.
Dans les années 1930, la carte postale devient le reflet des vacances, des congés payés ; elle se fait le témoin d’un moment de bonheur devenu souvenir. Echo d’une expérience occasionnelle et particulière, ou au contraire ordinaire et quotidienne avec le paysage et l’environnement présent, la carte postale ne perd jamais sa dimension kitsch du bleu azur et du coucher de soleil.
Très vite, les nouvelles deviennent secondaires, et c’est bien le « revers » de la carte postale : l’imaginaire, les envies, le rêve son vite remisés au fond d’un tiroir, accumulés et oubliés sur la porte du réfrigérateur comme de vagues souvenirs.
A cheval entre le réel et le fantasme – la carte postale a rapidement et facilement pénétré le monde de l’art contemporain. Les artistes s’en sont emparés et voilà que grâce à eux, l’intime prend une tournure universelle et le commun – voire le banal – atteignent la singularité de l’œuvre d’art. L’artiste – d’un simple geste, trait, trou, collage ou autre altération – dépossède la carte postale de tout caractère utilitaire. Elle n’est plus souvenir ni nouvelles, mais une invitation à fantasmer davantage, à jouer, détourner la manie de notre société à « vulgariser les merveilles de la Nature et de l’Art » (Edmond Harancourt).
Une chose est sûre, la carte postale demeure un objet de collection par excellence.
A l’occasion de PhotoSaintGermain, la galerie présentera du 9 novembre au 23 décembre dans son espace du 33 rue de Seine, une sélection inventive d’œuvres à la carte, autant de Greetings from que de fenêtres ouvertes sur l’art contemporain, de Pilar Albarracín à On Kawara, de Julien Berthier à Marcelle Cahn, de Paul Kos à William Wegman, etc.
Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois
Ouverte en 1990 au cœur de Saint-Germain-des-Prés, la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois a su rallier artistes patrimoniaux et artistes contemporains grâce à des expositions de grande envergure. La présentation d’œuvres majeures issues du Nouveau Réalisme européen et de l’Hyperréalisme américain aux côtés d’une scène contemporaine artistique foisonnante demeure la marque de la galerie.