Dans les années 70 et 80, l’artiste française Nicole Gravier (Arles, 1949) réalise un ensemble d’images qui composent les différentes séries de ses Mythes & Clichés. Séries policières télévisées, publicités, romans-photos sont autant de possibilités pour elle de questionner les lieux communs et les stéréotypes que véhiculent ces différentes imageries.
C’est en Italie, où elle s’est installée, qu’elle découvre l’immense popularité du roman-photo et commence un travail de découpage pour sa série Romans-Photos. Elle garde les bulles de textes qui lui semblent significatives des poncifs du genre avant de créer des saynètes où elle interprète un personnage féminin engoncé dans des situations sentimentales. Ces œuvres ne sont pas vraiment des autoportraits, plutôt des petites mises en scène dont Nicole Gravier est l’autrice et le modèle.
La force de cette démarche se trouve dans la joyeuse complexité qu’elle introduit dans son travail de subversion : appropriation de textes de fiction, mise en scène de soi suivant les indications de ce texte, introduction dans le cadre de l’image d’éléments venant contredire le discours apparent… Le tout dans une esthétique snapshot et colorée en contradiction avec les conventions du genre.
On aurait envie de parler d’oeuvre pop-conceptuelle si Nicole Gravier ne marquait, encore aujourd’hui, une certaine distance critique envers le Pop art en général et Andy Warhol en particulier. Mais la notion qui ramasse le mieux sa pratique est celle d’art sémiotique. Cela implique que le spectateur, s’il ne veut rester à la surface des « mots et des choses », « lise » attentivement ces images à la recherche des multiples signes que l’artiste y a incorporés.
Une démarche que l’on retrouve dans l’ensemble des séries présentées dans l’exposition
Hôtel La Louisiane
C’est dans un écrin de tous les chaos, libertés, bavardages insensés et pourtant précieux que l’Hôtel La Louisiane a construit son identité ; au 60 rue de Seine en plein coeur de Saint-Germain-des-Prés. Depuis Rimbaud et Verlaine, les artistes, créateurs et voyageurs en quête d’étonnements s’installent le temps d’un bref séjour d’une résidence — parmi ceux qui y ont vécu : Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Juliette Gréco, Lucian Freud, Albertine Sarrazin, Syd Barret, Keith Haring, Quentin Tarantino et d’autres contemporains à qui l’Hôtel La Louisiane doit la discrétion.